La dopamine, thématique de la saison culture 2025-2026
Pour la saison 2025-2026, Le Cube Garges rassemble sa programmation sous la thématique de la dopamine. Pourquoi ce choix ? Parce que les plateformes numériques, qui occupent désormais une place centrale dans notre rapport au monde, s’appuient sur les mécanismes mêmes que cette hormone active : anticipation, motivation, attente et manque.
En moyenne, les Françaises et Français passent près de deux heures par jour sur les réseaux sociaux, et cela monte à presque quatre pour les adolescents. Pour allonger ce temps de connexion, les plateformes ont recours à des « pièges hormonaux » : gamification, nudge, esthétiques lissées, etc. Autant de procédés qui dopent l’attention et suscitent l’adhésion, sans contrainte, sans punition, mais par incitations continues.
Ce système installe une forme de séduction douce, où la liberté devient un outil de régulation et de domination. Chacun s’y soumet volontairement, répondant à l’impératif général de performance, de ses runs sur Strava* à ses vacances sur Insta*.
La dopamine n’est donc pas tant l’hormone du plaisir que celle de son anticipation : elle active le circuit de la récompense et pousse à scroller, liker – en bref, consommer. Dans ce contexte, une question émerge : alors que la logique des plateformes numériques est connue et largement critiquée, pourquoi continuons-nous à y adhérer ? Issues de la contre-culture californienne, conçues comme espaces ouverts et participatifs, les plateformes promettaient un renouveau social et le développement d’une intelligence collective.
Vingt ans plus tard, elles se sont transformées en écosystèmes fermés, fondés sur l’extraction, l’individuation, le contrôle. Le capitalisme numérique – analysé par Cédric Durand, Shoshana Zuboff, Eva Illouz, Byung-Chul Han et d’autres – ne produit plus tant des biens matériels que des interfaces capables de capter notre attention, d’orienter nos comportements, de mémoriser nos traces. Leur design – fluide, lisse, transparent – génère une esthétique spécifique, une positivité trompeuse. En écho à McLuhan, « the medium is the message », ce n’est plus seulement le contenu, mais l’architecture même des plateformes qui façonne notre réalité.
Alors, que reste-t-il de l’utopie initiale ? Et surtout, comment réinvestir les communs numériques et penser des plateformes fondées sur le bien social ?
Deux expositions seront proposées pour répondre à cette thématique :